Dans notre société actuelle, il est rare de trouver des entreprises où une seule génération est représentée. Que ce soit la génération X,Y,Z ou les baby boomers, tous sont amenés à cohabiter dans le même espace de travail. Il serait d’ailleurs impensable pour une entreprise d’annoncer qu’elle recrute uniquement ses collaborateurs dans une certaine tranche d’âge.

Vous avez dit génération ?

La génération dite des Baby-Boomers rassemblent les individus nés entre 1946 et 1965, ils représentent, 1/4 de la population active. La génération X comprend les individus nés entre 1965 et 1978 et représentent 29% des actifs.  La génération Y quant à elle, représente 40% de la population active ; elle est née entre 1979 et 1995. Et enfin, la génération Z née entre 1995 et 2001 est la génération qui a le plus faible pourcentage d’activité vu son jeune âge, mais celle-ci est néanmoins déjà présente dans certaines entreprises.

Ces différentes générations qui cohabitent dans une entreprise n’ont pas la même manière d’appréhender le travail, elles n’ont pas non plus le même rapport à la culture d’entreprise.

En raison des différentes crises qui ont frappé le pays, la génération Y (et parfois Z) se retrouve confrontée à la précarité de l’emploi, une situation que leurs ainés n’ont souvent pas vécu. Stage après stage, ces jeunes générations ont conscience qu’il y a une « consommation Kleenex » de leur profil, les équipes se renouvellent très vite, il s’avère compliqué d’accéder à un poste à responsabilités et surtout, ils sont remplaçables.

Les générations plus âgées, notamment les baby boomers, connaissent, eux, une certaine stabilité voire sédentarité en entreprise. D’ailleurs, ceux-ci s’aventurent peu à changer d’entreprise ou de statut professionnel à moins qu’ils en soient contraints.

Le clivage du digital

Les générations Y et Z sont bien entendu les plus proches, parce qu’elles sont nées dans le même contexte, baignées par Internet et les objets connectés, avec les mêmes références qui ont façonné leur enfance. Leur façon de consommer est différente également. Que ce soient les médias, la culture, les vêtements ou les jeux vidéos, les générations Y et Z n’ont plus le même rapport à la possession (économie collaborative, ubérisation…). Même si la génération X a quelques accointances avec les références des générations qui la suivent, les différences sont quand même assez significatives. Un X aura vécu avec frénésie le football en 1998 tandis qu’un Z ne l’aura pas du tout connu, et à l’inverse un Z aura du mal à faire fonctionner un minitel.

C’est justement ce rapport à la technologie qui peut frustrer les générations plus anciennes. Le fait de voir les plus jeunes maitriser depuis le berceau les outils numériques et les technologies de l’information ne fait que leur rappeler qu’ils « vieillissent ».

Tutorat et mentoring inversé

Trop souvent, on nous relate qu’il est impossible de faire cohabiter des générations différentes, or 4 jeunes sur 5 aimeraient apprendre des plus âgés et 9 salariés sur 10 affirment que la collaboration avec des collègues d’autres générations est agréable et instructive. Toutefois, seule une personne sur 5 estime que son entreprise favorise spécifiquement la collaboration inter-générationnelle. Mais selon moi, le chiffre le plus important est le suivant : 89% des personnes interrogées souhaitent une plus grande solidarité entre les générations.

En mettant en place des tutorats entre anciens et nouveaux arrivants pour favoriser la transmission de savoir et de compétences, en organisant des activités, des formations et des séminaires inter-générationnels, les managers, généralement issus des baby boomers ou de la génération X, sont les moteurs de cette cohésion.

Avec le mentoring inversé, c’est la génération Y, celle des « digital natives », qui donne des leçons aux plus âgés sur les sujets liés au numérique qu’ils maîtrisent comme personne. Ce mentorat inversé va à l’encontre des organisations traditionnelles, hiérarchiques, qui valorisaient l’expérience, et donc l’ancienneté. Il doit amener les seniors à entrer dans cette dimension, si naturelle aux 20/30 ans, de l’instantané, de l’effacement de la distance, du zapping. Les seniors apporteront, eux, leur vision à long terme, leur capacité à planifier, structurer, organiser, leurs solides connaissances techniques, leur sérénité face à toutes les situations dûe à leur longue expérience.

Alors, le clivage inter-générationnel est-il inéluctable ? Je dirais simplement que la réponse est au coeur de l’entreprise. La vision et le savoir-faire de chacune des générations s’avèrent complémentaires et enrichissent considérablement les capacités que peut avoir une entreprise à se développer. Encore faut-il avoir conscience de cette richesse…