Née dans les Pyrénées dans une famille de passionnés de randonnée, Amandine Lepers découvre le goût de la marche et s’intéresse aux formes de la nature. Ses parents séparés, c’est une enfance « entre deux sacs » qui l’habituent à se déplacer, à passer d’un environnement à un autre. Sa famille l’encourage à étudier ce qui la passionne, les arts, l’architecture. Dirigeant d’Hydrotherm Ingénierie, son père l’emploie régulièrement sur des missions de conception. Sa mère et son beau-père, exerçant dans le domaine médical, réalisent la particularité du milieu de l’Architecture lors de la soutenance du diplôme d’Amandine : « Le pont des filtres, l’infrastructure comme catalyseur ». Pour ce projet utopique et innovant, la jeune diplômée reçoit le Prix de la Mutuelle des Architectes Français. Une somme avec laquelle elle finance sa participation à une mission au Zanskar, en Inde, en rejoignant des confrères de l’association Architectes Sans Frontières sur place, où elle réalise un livre.

L’ingénierie passe-frontière

Le départ en Erasmus était anticipé avant même d’intégrer l’école : « Ce qui a conditionné mon inscription à l’école d’archi, c’est de savoir qu’on pouvait partir à l’étranger au bout de trois ans ! Si on m’avait dit « Tu fais cinq ans à Toulouse, jamais je n’y serais restée ! ». Son échange à l’école Polytechnique de Louvain- la- Neuve en Belgique lui apporte des compétences techniques et structurelles, et complète la formation artistique et anthropologique reçue jusqu’alors. Ses références sont un mélange entre l’ingénierie – Marc Mimram et ses ponts la fascinent, et ses expériences de terrain la forment –, le rapport aux montagnes – l’ouvrage de Laurent Chappis la marque : l’architecte a marché des années en montagne avant de construire la station de ski de Courchevel –, et les architectes qui ont marqué l’histoire en inventant des techniques constructives : Antonio Gaudi et Frank Gehry en particulier.

En terre Himalayenne

Amandine Lepers dispose de toutes les clés pour internationaliser ses activités : les compétences, l’envie de liberté sans cesse revendiquée, le goût de l’aventure, un caractère particulièrement sociable. Ainsi sa première mission au Zanskar la conduit à y rester. Au fil des rencontres avec les habitants, elle décroche des chantiers, améliore des habitats, et en arrive à construire une école pour dix-huit nonnes de la région. Quand la saison le permet, elle varie son activité en guidant des touristes en montagne. Avant d’être devenue accompagnatrice par loisir, Amandine Lepers a parcouru des kilomètres au pied de l’Himalaya. La rencontre avec une ingénieure hydrologue française, Caroline, donne naissance à un film et à des projets d’architecture. Caroline crée l’association « Thigspa » qui signifie « goutte d’eau ». Contrairement à des associations humanitaires de grande envergure, « Thigspa » est de taille suffisamment réduite pour ne pas générer trop de travail administratif ou de hiérarchie. Les actions restent locales,  et  ne génèrent  aucun  profit. Les  professionnelles  se  rémunèrent par des activités connexes : conférences, production de cartes, de films, de documentations. Au Zanskar, Amandine Lepers poursuit l’objectif de travailler au plus près des hommes : « On a un bagage, on a des méthodes… On a reçu un enseignement théorique, mais parfois on oublie le contact humain, c’est pour ça que je suis partie là-bas. On peut arriver au même projet sans stresser, sans toutes nos normes, nos délais… ».

Portrait réalisé par Laura Rosenbaum – Architecte DEHMONP – Docteur en Sociologie