Directrice de programmes depuis 1998, au sein de la Direction du développement du groupe Klépierre, spécialiste européen de l’immobilier de commerce, investisseur qui maîtrise la conception, la gestion et la valorisation de son patrimoine, Anne Merkelijn, architecte dplg, gère le développement de trois dossiers dans la région nord-est: « Il faut huit à dix ans en moyenne pour finaliser un dossier », explique-t-elle. En effet, étant donné le nombre d’acteurs impliqués dans toutes les phases de la réalisation d’un projet, Anne Merkelijn se trouve dans une position comparable à celle d’un chef d’orchestre : « Il existe toute une partie du travail qui reste en quelque sorte invisible du grand public puisque nous travaillons beaucoup en amont avec les communes, les élus, les urbanistes ».

Sans compter qu’aucune opération ne ressemble à une autre ! En effet, dans certains cas, Anne Merkelijn est chargée d’acquérir un terrain et de concevoir ainsi un projet neuf dans son intégralité. Dans d’autres, l’architecte peut avoir à gérer l’extension d’un site appartenant déjà au portefeuille de la Société. Afin de se faire une idée de l’importance du parc immobilier détenu par le Groupe Klépierre, société d’investissements immobiliers, précisons qu’il est présent dans 16 pays et possède plus de 178 sites en Europe. Son patrimoine au 31 décembre 2014 s’élève à 21,4 milliards d’euros.

La dimension relationnelle de son métier est essentielle. Elle collabore avec des personnes aux fonctions très diverses. « Cela va du commerçant… à l’archéologue ! », explique-t-elle avec humour tout en ajoutant : « A la base, j’aime rencontrer des gens que je ne connais pas, ou qui exercent des métiers complètement différents du mien. Travailler avec les autres est une nécessité pour moi », reconnaît-elle avec simplicité. Quel est le parcours de cette architecte devenue directrice de programmes qui inscrit la relation humaine au coeur de ses préoccupations ?

parcours de l'architecte Anne Merkelijn, Directrice de Programmes chez Klépierre Ségécé. Portrait et Interview

Une scolarité entre Paris et Bangkok

Anne Merkelijn n’est pas arrivée à l’architecture par hasard. C’est l’approche concrète du métier qui l’a séduite : « Concevoir des espaces de vie pour des personnes est une activité vraiment utile » précise-t-elle. La qualité de son trait de crayon et son habileté à concevoir des volumes en trois dimensions la poussent définitivement dans cette voie.

Etudiante à l’école d’Architecture Paris Villemin (UP1), elle se spécialise dans les projets relatifs aux pays en voie de développement. Son travail de diplôme, effectué sous la direction du Professeur et urbaniste Charles Goldblum porte sur « Les grands projets de restructurations urbaines en Indonésie ». Il est soutenu en 1983.

Son directeur d’études lui offre également l’opportunité de partir deux ans à Bangkok dans le cadre d’une mission avec le CNRS. Elle effectue alors une étude sur le terrain d’un quartier de la capitale thaïe en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire de chercheurs. Ce groupe va également s’attacher à renforcer les liens entre les universités thaïes et françaises et démarrer la création du département d’anthropologie d’une université locale, embryon futur d’un Musée de l’Homme en Thaïlande.

10 ans d’expérience chez CVZ

En 1985, de retour à Paris, Anne Merkelijn va prendre une décision qui influencera toute la suite de son parcours, en optant pour l’exercice de son métier d’architecte en agence. Pendant deux ans, elle effectue des missions pour le compte de cabinets spécialisés dans la conception et la réalisation de grandes infrastructures hospitalières. « J’ai découvert que j’aimais beaucoup travailler sur des grandes opérations incluant de nombreux intervenants », commente-t-elle.

Cette expérience acquise dans l’élaboration de bâtiments complexes associée à sa connaissance de l’urbanisme séduit CVZ, cabinet d’architecture spécialisé dans le domaine des centres commerciaux. Elle y reste dix ans. « C’est une très bonne entreprise, elle pousse beaucoup les jeunes, offre des formations complémentaires en interne en architecture, en suivi de chantier et en gestion financière de projets », analyse Anne Merkelijn.

Lorsqu’un projet lui est confié, elle devient l’interlocuteur unique du client, et acquiert ainsi très rapidement une connaissance approfondie du secteur. Elle se constitue également un réseau professionnel solide et varié. A force de répondre aux demandes des promoteurs qui effectuent des rénovations et des extensions de centres commerciaux, l’architecte découvre que la position de Maître d’Ouvrage l’intéresse tout particulièrement.

parcours de l'architecte Anne Merkelijn, Directrice de Programmes chez Klépierre Ségécé. Portrait et Interview

Passage à la maitrise d’ouvrage

En 1998, Anne Merkelijn passe le cap définitivement en devenant Responsable de Programmes pour le compte de Klépierre. Son travail s’avère extrêmement varié. « Aucune journée ne ressemble à une autre » explique-t-elle, enthousiaste.

Cependant, on peut tout de même distinguer trois axes autour desquels s’articulent les activités inhérentes à sa fonction : le travail effectué en amont avec les communes, la conduite opérationnelle du projet (organisation des équipes, suivi architectural et technique du projet), le montage et le suivi juridique et financier du dossier.

« En tant qu’architecte, ma connaissance parfaite de l’outil centre commercial est un atout », analyse-t-elle tout en ajoutant : « Chez Klépierre, il existe différents profils permettant d’exercer le même poste. Cela concerne des ingénieurs, des juristes, économistes, urbanistes. Du coup, chacun peut s’entraider en fonction de sa spécialité de départ ».

 Les qualités requises au poste de Directeur de Programmes

Lorsqu’elle collabore avec ses confrères et consœurs, Anne Merkelijn leur rappelle régulièrement les principes qui régissent les centres commerciaux. « En tant que promoteur, je sais qu’il existe des typologies d’espaces commerciaux que l’on ne pourra pas louer à un commerçant », explique-t-elle. Cependant, elle leur laisse une liberté conséquente afin qu’ils puissent exercer leurs compétences et faire preuve de leur talent : « Sinon, cela ne sert à rien de faire appel à eux ».

Anne Merkelijn estime que son job actuel nécessite à la fois de l’autorité et beaucoup de doigté, une énergie et de l’enthousiasme à associer à beaucoup de persévérance et de patience : « L’architecte est plutôt bien préparée pour répondre à ces demandes qui peuvent sembler à première vue contradictoires ».

 Ses références ?

« J’éprouve une réelle admiration pour les réalisations de Ieoh Ming Pei, Rem Koolhas, et Christian de Portzamparc. Découvrir des nouveaux lieux, styles de vie et mode d’habitat lors de mes voyages m’influence beaucoup également. »

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Photos : Centre Commercial Emporia (68 000 m2) à Malmö (Suède) conçu par l’architecte suédois Gert Wingärdh.