Au sein de la fondation Cartier, toute de transparence et de reflets, se tient l’exposition Freeing Architecture. Ce lieu met en scène merveilleusement les productions architecturales aux allures oniriques de l’architecte japonais Junya Ishigami. Cet ancien de chez SANAA, tend dans son travail à faire dialoguer l’échelle de la nature avec celle de l’Homme.

Une vingtaine de projets d’équipements en Europe ou Asie se regroupent dans trois salles. Principalement illustrés par des maquettes de grandes dimensions, la finesse des projets et leur écriture ludique révèlent des projets complexes.

Sur un mur, s’étale le répertoire dessiné de chaque arbre devant être déplacé et replanté dans le cadre d’un projet hôtelier. Une philosophie et une conception très ancrée sur la nature qui pose question sur la durabilité des interventions en raison de l’usage important du béton et des sites de projets souvent retirés.

Le côté poétique de la production de Junya Ishigami + Associates est bien réel et se trouve loin d’être chimérique. Il s’avère que l’ensemble des projets présentés dans l’exposition sont des projets construits ou en cours de construction. L’écriture minimaliste et poétique des projets vient d’une grande technicité mise en œuvre.

L’intérieur dialogue avec l’extérieur comme le bâti interroge et révèle le paysage.

Après cette visite en nocturne dans le cadre des nuits nomades de la fondation, s’est déroulé un entretien d’une heure entre le critique d’art Suisse, Hans Ulrich Obrist et Junya Ishigami.

J’ai vécu cet échange comme un moment précieux. À l’arrière de la fondation, dans son jardin, de manière presque intimiste nous avons pu assister à une conversation riche traduit simultanément du japonais au français et inversement.

Hans Ulrich Obrist a amené Junya Ishigami à s’exprimer sur des sujets d’actualité comme l’architecture dans la ville, mais aussi très personnelle sur ses inspirations et sa manière de concevoir.

Je retiens de cette conversation un parti architectural qui s’appuie sur la nature et s’inscrit finalement dans une tradition japonaise : le paysage même naturel est construit par l’homme. Un rocher bien que déplacé n’en est pas moins naturel. L’architecture devient un phénomène naturel que l’architecte accompagne et révèle. J’ai ressenti que pour Junya Ishigami, l’architecture doit être faite de multitude de points de vue à l’image de notre société pour que chacun puisse s’y retrouver.

L’exposition séduit autant qu’elle surprend, révélant un jeune architecte de 44 ans. Il me reste le sentiment que Junya Ishigami doit faire face à un combat féroce pour obtenir une architecture qui semble se défaire des contraintes conventionnelles.

Au vu de son succès l’exposition sera prolongée jusqu’au 9 septembre 2018.

Inspirée par son contenu, je vous recommande vivement de flâner dans cette première exposition de la fondation Cartier dédiée à un Architecte.

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Cyrielle Joly – Architecte DE – Consultante à ArchiBat RH

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