Olivier le Reun fait partie de ces personnes capables de synthétiser toutes les singularités de leur époque. Le jeune designer chez Guerlain, en charge du merchandising au département export de la marque, est également un des membres fondateurs du collectif VLNC regroupant de jeunes créatifs du monde entier. Suite du Portrait …

Vous déménagez alors à Paris ?

J’ai trouvé un poste avant même la soutenance du DPEA. J’avais entendu parler de l’agence d’architecture commerciale Malherbe et j’ai envoyé ma candidature. Malgré la crise, la structure a progressé de façon fulgurante en très peu de temps. Quand je suis arrivé en 2008, il y avait 30 à 40 personnes, et maintenant, 125. Le travail était un peu rébarbatif au début mais c’était une excellente initiation à l’architecture commerciale. J’ai commencé par travailler pour des chaînes de supermarché. Il faut placer les éléments en fonction des exigences du directeur du magasin, rendre le magasin attractif, intérieurement et extérieurement. Un projet dure environ cinq semaines, et chaque designer mène 3-4 projets de front. Puis, j’ai commencé à répondre aux appels d’offres et à proposer des projets de conception globale pour diverses marques. Sur un plan créatif, c’était très stimulant. Grâce à mon niveau d’anglais, j’ai ensuite exercé mes compétences quelques semaines dans une filiale de l’agence à Shanghai. A mon retour à Paris, j’ai travaillé sur des projets en Asie depuis la France. Puis, une opportunité s’est présentée chez Guerlain et je ne pouvais pas ne pas y aller !

Quelle est la différence entre le travail en agence et celui au sein d’une enseigne?

Le rythme de travail est différent. En agence, on vit en vase clos entre créatifs au rythme des charrettes. Les collègues deviennent des amis… Il n’y a plus vraiment de frontières. Dans le luxe, il faut être très bien habillé. Je porte un complet tous les jours. Je travaille avec des gens plus âgés que moi qui m’ont fait grandir et gagner en maturité. Il y a un côté très structuré chez Guerlain qui me plaît beaucoup car on travaille sereinement. Les tâches à mener y sont également très différentes.

Justement, comment s’organise votre travail chez Guerlain ?

Je suis en charge du « hard » merchandising pour la marque à l’international ce qui signifie que je ne m’occupe d’aucun projet éphémère mais que je conçois tous les comptoirs des points de vente de la marque dans des points des shopping malls  internationaux. En 2012, j’en ai réalisé 70. Il me faut à peu près deux jours pour réaliser les plans en m’inspirant de la bibliothèque de mobilier de la maison que l’on ajuste en fonction des dimensions du point de vente, des spécificités du marché local, des exigences du revendeur, du lancement de nos nouveaux produits,…

 Sélectionnez-vous les fournisseurs ?

Non, nos fournisseurs sont déjà référencés. Les cadres en cristaux Swarovski sont réalisés en Pologne par le seul artisan qui sait fabriquer cela au monde. La peinture noire laquée dont la formule pigmentaire est unique est élaborée sur mesure pour Guerlain. Nous réalisons de nombreuses sérigraphies et le verre est un matériau que nous employons fréquemment. Le manipuler et le teinter coûte cher et c’est pour cette raison que les grandes maisons embauchent de plus en plus de designers et d’architectes car nous savons évaluer ce type de prestations contrairement aux commerciaux qui bénéficient d’autres atouts en matière de négociation notamment.

 Voyagez vous dans le cadre de votre poste ?

Oui, je passe à peu près 20% de mon temps à l’étranger. Souvent en une semaine, je me rends dans différents pays. Ce n’est pas du tout le farniente ! Je discute avec le fabricant sur place. Il y a un important travail de vérification à mener, faire en sorte que rien ne traîne, que tous les produits soient bien à leur place dans leurs présentoirs. Chaque détail doit être parfait. Les voyages sont aussi l’occasion de négocier de nouveaux emplacements, d’effectuer des repérages et de surveiller aussi la concurrence il faut bien l’avouer.

 Comment envisagez-vous votre avenir ?

Je suis très satisfait de mon poste actuel et j’espère évoluer en interne. Dans quelques années, je souhaite transmettre ce que j’ai appris à des étudiants. C’est important de rendre ce que l’on a reçu.

 Quelles sont vos références, vos sources d’inspiration ?

  • En architecture, Jacques Ferrier, Herault et Arnod, en design Rodolphe Parente, Andrée Putman, Marc-Antoine Florin,
  • Le surf, une nécessité, je rentre en Bretagne deux week end par mois pour cela,
  • Echanger et créer avec les membres du collectif VLNC