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Vous êtes ensuite embauchée par Motorola ?

Effectivement. J’estimais manquer d’expérience pour me mettre à mon compte définitivement. Chez Motorola, j’ai intégré un autre univers très masculin de geeks fans de high-tech. Je faisais du design de produit au sens strict du terme. J’ai passé des mois à dessiner des boutons… Le mot « détail » dans ce contexte prend une vraie signification ! Puis, en 2007, Vuitton m’a rappelée pour un poste que je n’osais même pas imaginer…

Quelle était votre fonction chez Vuitton ?

C’était un métier que je n’avais jamais pensé faire, c’est une niche. Au sein du département visual merchandising, avec trois autres personnes, je m’occupais des 900 vitrines de la marque dans le monde. Au siège, à Paris, je travaillais dans une grande salle comprenant six prototypes de vitrines à échelle 1. Une fois par mois, une réunion était organisée afin que chacun y présente le fruit de ses recherches. Nos propositions restaient souvent dans les cartons car LVMH fonctionne comme un laboratoire d’idées. En revanche, lorsque le design est accepté, il est alors décliné dans les vitrines du monde entier. Il faut toujours penser à des choses fluides, modulaires, inattendues. C’est ce qui donne le côté un peu magique au job. Ensuite, on travaille en relation étroite avec le service des achats afin de définir les prototypes et trouver les fournisseurs dans le monde. Pour rendre hommage à l’artiste Stephen Sprouse, Vuitton avait pensé à employer des couleurs fluo dans sa gamme de produits. Comment valoriser ce thème et éclairer la vitrine ? Nous avons réalisé de grandes roses en néon dont j’ai supervisé l’installation à New York. C’était féerique !

Vous collaborez depuis un an avec la marque Montblanc, une marque plus traditionnelle, pourquoi avoir fait ce choix ?

On me proposait un poste qui impliquait plus de responsabilités que chez Vuitton. Personne n’avait encore assuré le design de l’intégralité des vitrines de la marque Montblanc. Tout reste à faire. Auparavant, le studio de création de la marque sous-traitait le merchandising visuel. Actuellement, le studio de création à Paris compte dix personnes, le siège de la marque est à Hambourg. Le directeur de la création est un Italien, comme pas mal de designers dans l’équipe car le Groupe Richemont a fondé une école de design, la Creative Academy, en Italie. Une autre personne aussi joue un rôle clé dans l’équipe à Paris car c’est elle qui conçoit le design des « writing instruments ». Les gammes de stylos sont conçues à partir d’une histoire, d’une personnalité historique importante à l’instar de Leonard de Vinci, Pablo Picasso, Albert Einstein. J’apprends ainsi des choses étonnantes qui vont m’inspirer dans la production et le design des vitrines. Je dessine, je soumets des propositions techniques, des suggestions de matériaux. Une fois mon travail validé par le directeur de création, il est transmis à Hambourg où va s’effectuer le choix des fournisseurs, les achats et la logistique.

Comment envisagez-vous votre avenir ?

Je ne sais pas encore vraiment. J’aime beaucoup initier de nouveaux projets, et je crois au hasard des rencontres et des opportunités. En 2007, lorsque je suis arrivée ici, je pensais n’y rester que deux ans, et cinq ans après, je suis toujours là !

Quelles sont vos références, vos sources d’inspiration ?

– Le photographe Tim Walker pour la qualité de ses mises en scène,

– La voile que je pratique depuis l’enfance et qui me permet de rester toujours les pieds… sur terre !