Ensuite, vous réintégrez un cursus d’architecte DPLG à l’école d’architecture de Bordeaux ?

Oui, de 2003 à 2005, je suis directement rentré en 5ème année. Et j’ai pu collaborer à un programme d’échanges entre l’école d’architecture de Bordeaux et l’université de Wuhan ; notre objectif étant de croiser nos propositions vis-à-vis du réaménagement  urbain de la ville de Jingzhou. Cette ville historique est entourée d’un rempart, le reste de la ville n’étant pas préservé. Nous avons dressé une typologie des habitats traditionnels, fait émerger ce qu’il fallait conserver ou pas. C’était vraiment très intéressant d’adopter une approche « occidentale » de l’urbanisme de mon pays. Je pense qu’en terme de conception, en Chine comme en France, il existe de bons architectes. En France, en revanche, pendant la formation, une attention très forte est portée au contexte, ce qui n’est pas le cas en Chine, faute de temps pour répondre à une demande très tendue. Or actuellement, je pense que les Chinois bénéficiant de cette double approche – européenne et chinoise – ont un vrai savoir-faire à apporter sur ce point. M. Brochet est le professeur qui a organisé le programme et le voyage d’étude. Il est ensuite devenu mon directeur d’études. En 2005, j’ai obtenu mon diplôme d’architecte DPLG, et M. Brochet m’a embauché dans son agence.

 S’agit-il de l’agence Brochet-Lajus-Pueyo?

Oui, c’est un cabinet d’architecture bordelais qui compte trois associés et quarante salariés. Cette structure a établi sa réputation dans la conception et la réhabilitation de projets culturels. On lui doit notamment la réhabilitation du musée de l’Orangerie à Paris, du musée Fabre à Montpellier, la conception de nombreuses médiathèques, des centres culturels, d’expositions, … Au sein de l’agence, j’ai travaillé à des concours en phases d’exécution pour des réhabilitations. C’était très varié et intéressant. En 2008, j’ai continue à travailler pour la même agence mais à Paris, afin de suivre mon épouse qui venait d’être mutée à Paris. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler directement à la réhabilitation du Musée de l’Homme.

Vous est-il possible de décrire ce projet et votre implication dans celui-ci ?

Le Musée de l’Homme est un musée qui fait également office de laboratoire de recherche scientifique. Le programme est ainsi mixte, et comprend une surface de 17000m2. La moitié de la surface est dédiée à l’accueil du public, l’autre aux collections et aux plateformes scientifiques. Le bâtiment est classé monument historique en clos et couvert (murs et toitures). L’architecte en chef des monuments historiques, le maître d’oeuvre ACMH, Jean-François Lagneau, gère cette phase du projet, tandis que l’agence Nebout assure la direction du chantier, et le cabinet Brochet-Lajus-Pueyo associé à l’atelier d’architecture Emmanuel Nebout, prend en charge l’aménagement intérieur. Il s’agit d’une réhabilitation lourde en site occupé car le Musée de la Marine ouvert au public est juxtaposé au Musée de l’Homme. La structure du bâtiment doit être renforcée voire même démolie dans certains cas et reconstruite, cela engendre beaucoup de travail. Cependant, j’apprécie le côté un peu casse-tête du projet car je ne m’ennuie jamais.

Quelles sont les qualités selon vous pour assurer la coordination des phases d’exécution d’un projet de cette envergure ?

Il faut être conscient de sa chance. Vous avez vu la beauté de ce site ? Et la vue ? C’est fabuleux, ça donne envie de s’investir. C’est aussi important de trouver un équilibre entre un peu d’autorité et beaucoup de doigté. Un chantier, vous savez, c’est l’art de la délicatesse.

Comment envisagez-vous votre avenir professionnel ?

A court et moyen terme, terminer la réhabilitation de ce chantier. En architecture, je m’oriente progressivement vers une carrière de directeur de chantier. Cependant, l’aspect créatif me manque, car mon objectif c’est de réussir à créer quelque chose d’innovant et d’abouti en architecture comme en cuisine. Ce sont des métiers que je peux exercer dans les deux pays, ce qui est important, car je ressens la nécessité d’intégrer cette double culture, chinoise et française, dans mes choix professionnels à l’avenir. En fait, je ne veux pas avoir à choisir une culture au détriment d’une autre, car je suis très attaché aux deux.


Une Passion ?

La gastronomie, l’œnologie, la mer …

Vos sources d’inspiration ?

En cuisine, Benjamin Toursel, le chef étoilé de l’auberge du prieuré à Moirax. Il réussit à faire émerger la spécificité de chaque ingrédient grâce à des combinaisons complexes mais dont le rendu final semble d’une évidente simplicité. En histoire de l’art, j’ai beaucoup étudié les mouvements artistiques français jusqu’au début du XXème siècle : la peinture classique, le réalisme, l’impressionnisme,…

La France pour vous c’est…

Mon deuxième pays

Et la suite ?

A terme, mettre une stratégie en place permettant de vivre la moitié du temps en Chine et l’autre en France.